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24 Films par seconde
30 octobre 2010

Il reste du jambon?

il_reste_du_jambon

T’es passé au monop ?

Le courses, qui n’a pas connu cette lutte sans merci la matinée mourante d’un samedi, les mains fébrilement agrippées au guidon d’un caddie surchargé ; trop pour pouvoir négocier le virage à angle droit imposé par la configuration des rayons aux coins desquels s’accumulent passants et clients rendus soudainement amnésique par la rencontre imprévue avec Mme Machin, la voisine du 5eme qu’ils ont pourtant quitté quelques heures plus tôt au palier intermédiaire niché pas tout à fait à égal distance entre le second et le troisième, obligeant de ce fait la jeune mère de famille descendant à bout de bras sa poussette par les escaliers – la faute à un ascenseur tellement étroit et vétuste qu’il ne tombe même pas en panne faute de locataires se risquant à l’emprunter – à slalomer difficilement entre la rampe en plastique rendue collante par la sueur et la crasse, les voisins en pleine discussion, le minuscule caniche appartenant à l’un d’eux tirant sur sa laisse, plus épaisse que lui, car espérant de toute se vessie pouvoir se laisser aller dans les plus brefs délais le caniveau le plus proche, et le mur au blanc premier prix terni par un éclairage n’ayant guère plus de valeur ; et renvoyant alors la faim au fond de leur estomac pour se nourrir des derniers potins en date. Trop chargé également pour pouvoir freiner à temps et éviter le bouchon créé par le croisement de deux chariots autours desquels gravitent des familles entières venues encombrer inutilement les grandes surfaces pour ne pas être laissée en pâture à une télévision ne demandant qu’à anéantir ces proies faciles.

Et encore, ces scène d’hypermarché ne sont rien à côté des luttes de superettes de centre-ville dans lesquelles les clients s’agglutinent et s’étouffent dans de minuscules locaux, pris aux piège tels des spéléologues malheureux surpris par la pluie, s’accrochent désespérément à un rayon vidé de tout choix et regorgeant de produits premiers prix pourtant présentées à un tarif de luxe, et ce malgré la pression exercée par leurs semblables pressés de s’extirper de ce milieu oscillant entre la moiteur issue de la proximité humaine et la fraicheur mordante des armoires à surgelés. L’épreuve la plus marquante restant le passage en caisse où, rangé en ligne, on reste impuissant en se faisant doubler par les cohortes postées derrières nous une minute plus tôt et se ruant désormais sur les caisses fraichement ouvertes tandis qu’il nous faut faire face aux prix introuvables, code-barres absents ou non référencés, pour finalement se faire expulser sans ménagement du tapis de bout de caisse par l’impatient et furieux client nous suivant, alors que l’on a à peine réussi à détacher et ouvrir un sachet plastique, et ce après en avoir déchiré trois autres.

C’est à tous ces héros anonymes, ces combattants du quotidien, ces guerriers de la société de consommation que rend hommage Il reste du jambon ?, nous montrant avec réalisme l’aventure de ces hommes et ses femmes paisiblement avachis dans le canapé en attendant qu’une puissante accalmie chasse la neige de la quatrième chaine, et dont le cœur se sert et le destin vacille lorsque leur cher(ère) et tendre ouvre le frigo puis, après une rapide investigation prononce cette phrase lourde de sens, prête à les replonger dans l’enfer des courses un samedi soir à 19h30 : « Chéri(e) ! Au fait, il reste du jambon ? ».

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